
En tant que psychologue, j’accompagne régulièrement des personnes confrontées à une maladie grave, en soins curatifs ou même palliatifs. Ces moments de vie sont marqués par une souffrance qui ne se limite pas à la douleur physique. Elle touche également l’esprit, les relations avec les autres et la quête de sens.
Reconnaître cette souffrance globale, c’est comprendre qu’elle est multidimensionnelle et qu’elle doit être accompagnée dans toutes ses facettes pour permettre à la personne et à ses proches de mieux traverser cette épreuve.
La souffrance physique : quand le corps devient une prison
La douleur, la fatigue extrême, la perte d’autonomie ou encore les effets secondaires des traitements sont autant de réalités qui rendent le quotidien difficile. Cette souffrance est souvent la première à être reconnue et prise en charge, mais elle ne doit pas être vue comme isolée. La douleur chronique peut épuiser moralement, créer de l’anxiété et aggraver la détresse psychologique.
N’oublions jamais que le corps et l’esprit sont liés : lorsqu’une douleur est mal soulagée, elle nourrit l’angoisse et les affectifs négatifs. À l’inverse, un apaisement émotionnel peut parfois diminuer la perception de la douleur.
La souffrance psychique : quand l’avenir s’effondre
Face à la maladie, la peur de l’avenir, la tristesse liée aux pertes successives et le sentiment de ne plus avoir de contrôle sur sa vie s’installent souvent. Certains ressentent une profonde angoisse à l’idée de ce qui va arriver, d’autres sombrent dans une forme de désespoir ou de résignation.
La souffrance psychique peut apparaitre de différentes facons:
🔹 L’anxiété, qui envahit et empêche de penser à autre chose.
🔹 La tristesse profonde, qui peut ressembler à une dépression.
🔹 La colère, face à l’injustice de la maladie.
🔹 Le sentiment de solitude, même entouré.
Mettre des mots sur ces émotions, les reconnaître et les accueillir sans jugement permet souvent d’apaiser un peu cette souffrance invisible.
La souffrance sociale : quand la maladie éloigne des autres
La maladie engendre une redéfinition des relations. Certains patients ont l’impression d’être devenus un fardeau pour leurs proches. D’autres se sentent incompris, comme si leur souffrance était trop lourde à entendre.
L’isolement peut être progressif :
❌ L’éloignement des amis et de la famille, qui ne savent pas toujours comment réagir.
❌ La perte de son rôle social et professionnel, qui donne le sentiment d’être « hors du monde ».
❌ La dépendance aux autres, difficile à accepter.
Rétablir du lien, maintenir des moments de partage, même simples, permet d’adoucir cette souffrance.
La souffrance spirituelle : quand la question du sens devient centrale
C’est souvent la plus difficile à exprimer, mais elle est pourtant omniprésente. Face à la maladie, certaines questions reviennent souvent : Pourquoi moi ? À quoi bon continuer ? Que restera-t-il de moi ?
Cette souffrance ne concerne pas seulement la foi ou la religion. Elle touche le besoin de donner un sens à ce qui arrive, de trouver une forme de paix intérieure. Pour certains, cela passe par des croyances, pour d’autres par la transmission, le souvenir qu’ils laisseront, ou simplement l’acceptation de leur parcours de vie.
Il est donc primordial d’ouvrir un espace pour explorer ces questions, pour qu’elles ne restent pas enfermées dans le silence.
Accompagner la souffrance globale : un travail d’écoute et de lien
Accompagner une personne en souffrance, ne signifie pas « effacer » ce qu’elle traverse, mais à l’aider à le traverser autrement.
🔹 En mettant des mots sur ses émotions.
🔹 En lui permettant d’exprimer ses peurs et ses doutes.
🔹 En l’aidant à maintenir des liens avec ses proches.
🔹 En lui offrant un espace pour réfléchir à ce qui fait encore sens pour lui.
Nous ne pouvons pas toujours éviter la souffrance, mais nous pouvons accompagner celui qui la traverse, pour qu’il ne se sente pas seul face à elle.
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